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loicbarriere
16 mai 2007

Interview de Loïc Barrière par Adel Gastel

El_Watan_logoLoïc Barrière : « En tout poète sommeille un aventurier »

Adel est un jeune Algérien rongé par ce que feu Hasni appelait « El Hadda », la fuite. Où veut-il aller ? La destination importe peu, l’essentiel étant de fuir la morosité. Que lui reste-t-il ensuite ? Lire le roman de Loïc Barrière pour le savoir.

Propos recueillis par Adel Gastel :

                   

Comment a germé l’idée d’écrire sur les aventures d’un clandestin ? alger3

Lors de mon premier voyage à Alger, en 1988, j’ai rencontré un jeune qui vendait des glaces boulevard Didouche Mourad et avec qui j’avais gardé le contact. Je l’ai revu après en France, il avait réussi à venir clandestinement, en passant par l’Italie. Il rêvait de s’établir en Angleterre ou en Norvège mais le sort en a décidé autrement. Il a été arrêté et faute de papiers, il a passé quelque temps en prison pendant la guerre du Golfe. Cette histoire m’a marqué parce que, moi j’étais allé librement en Algérie, et lui, on l’a jeté en prison, comme un voleur, parce qu’il voulait voyager, lui aussi. Je ne cherche pas à en faire un martyr de la cause des immigrés clandestins. Mais j’en ai marre que le voyage reste un luxe d’Occidental : un Français ou un Américain qui part au Magreb est un touriste, un voyageur, un globe trotter, un aventurier, alors qu’un Algérien ou un Burkinabé du même age sera traité de réfugié économique. Très tôt j’ai compris qu’on ne pouvait pas résumer un homme à ce qui était écrit sur son passeport ou sa carte de séjour. Mais ce n’est pas seulement l’histoire d’un clandestin. C’est aussi un roman sur les rêves d’un jeune Maghrébin. En tant que lecteur, je n’ai pas réussi à trouver un livre racontant ce désir de voyage, pourtant si répandu chez les jeunes d’aujourd’hui en Afrique du Nord.

Pourquoi un clandestin algérien, et non pas un Sénégalais ou un Chinois par exemple ?

Pour écrire un roman, je crois qu’il faut parler de l’univers qu’on connaît le mieux, ou du moins celui dont on se sent le plus proche. Il se trouve que j’ai découvert l’Algérie à travers mes camarades d’école, quand j’avais onze ans. J’ai appris à découvrir ce pays grâce aux récits de mes amis. Le roman étant inspiré d’une histoire vraie (que j’ai bien sûr transformée), la question d’un héros non algérien ne m’a même pas effleurée. C’était aussi un moyen de parler, avec ce héros, de l’Islam.

Adem est un jeune pieux. Pourquoi avoir insisté là-dessus ? voyage_clandestin

D’abord parce que la personne qui m’a inspiré ce livre était très croyante. Mais aussi parce que j’ai rencontré des dizaines de jeunes, comme mon personnage, qui pratiquent un Islam tolérant, cet Islam qui n’intéresse pas les médias français. J’espère qu’en lisant mon livre, quelques Français comprendront qu’on peut prier cinq fois par jour et être quelqu’un de bien. L’ignorance, le manque de curiosité du grand public mais aussi l’incompétence de certains journalistes (sans parler de la propagande lepéniste) ont fait des ravages dans la perception de l’Islam en France.

C’est aussi un poète. Doit-on comprendre, par là, qu’en tout aventurier sommeille une poète ?

Peut-être qu’en tout poète sommeille un aventurier ! En France, les jeunes semblent avoir perdu le goût de la poésie (ce qui est mon cas d’ailleurs, j’ai découvert la poésie très tard).

Mais j’ai été frappé en allant en Algérie, au Maroc, en Tunisie par le nombre de poètes au kilomètre carré ! C’est de la poésie vivante, pas des trouvailles d’intello en quête de gloriole. En tous cas, vous avez raison d’employer ce terme d’ « aventurier » à propos d’Adel, parce que traverser la Méditerranée et venir tenter sa chance en Europe, de nos jours, c’est une véritable aventure, un peu comme une traversée de l’Amazonie. Au lieu de nous extasier sur les exploits des pilotes du Paris-Dakar, on ferait mieux de s’intéresser aux véritables aventuriers des temps modernes, ceux qui franchissent les frontières, parfois au péril de leur vie.

Quelle est la part du réel dans cette histoire ?

Beaucoup de lieux me sont chers, pour des raisons liées à mon histoire personnelle : Tlemcen, Larache, Belleville. Certaines situations (la rumeur sur le bateau venu d’Australie) proviennent d’histoires qu’on m’a racontées. Je suis toujours très à l’écoute des souvenirs des uns et des autres. En écrivant, certains éléments réapparaissent. Mais l’histoire en elle-même est le fruit de mon imagination. Le réel, ce sont les détails.

Peut-on dire que Loïc Barrière est un homme frontière ?

En quelque sorte, oui. Mon parcours étonne parfois certaines personnes : un petit Français de 14 ans qui apprend l’arabe et qui, dix ans plus tard, travaille dans une radio arabe. C’est une des conséquences positives de l’immigration. Regardez, par exemple, Christophe Ruggia : à 30 ans, il a fait tourner Fellag en arabe, pour Le Gône du Chaâba. Les exemples sont nombreux. Les chanteurs de raï jouent souvent avec des musiciens d’origine française ; le site Internet dédié à l’Algérie, « Les nouvelles du Bled » est animé par un jeune Français. On a longtemps insisté sur l’intégration des Beurs, mais il faudrait souligner également que de jeunes « Franco-Français » ont été marqués par l’apport culturel de l’Algérie. Il y a eu un véritable échange, nous nous sommes rapprochés les uns des autres.

Quel thème avez-vous retenu pour votre prochaine œuvre ?

Je suis justement en train d’écrire sur un gamin français qui décide d’apprendre l’arabe à 13 ans.

El Watan, mercredi 8 juillet 1998.

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Commentaires
G
je suis entrain de lire des commentaire lun critique lautre alors ques ces gents ils sont la meme facon de viveres et reflichirs donc vous devez bcp de resssssssspect a ces gents qui fuit pour touvés mieux en france ou ailleurs la meme chose que vous
loicbarriere
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