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loicbarriere
13 septembre 2007

"Quelques mots d'arabe" de Loïc Barrière, une lecture de l'écrivain Naïm Kattan

Un Maroc non exotique

Gaël est un Français qui se sent mal dans sa peau. Enfant, il est persécuté et battu par des écoliers maghrébins de son âge. Il trouve refuge dans l’amitié de Farida, une jeune fille d’origine algérienne qui rêve du pays de ses parents et qui apprend l’arabe afin de s’y rendre. Quelques_mots_d_arabe

S’intéressant paradoxalement et quasi exclusivement aux Maghrébins, Gaël choisit, dans un club de correspondance, Mohammed, un jeune homme du Maroc. Farida se rend en Algérie où, accablée par l’échec, elle décide de retourner en France, et, sans travail, sans papiers, au fond du désespoir, elle se suicide. Gaël se sent coupable de ne pas l’avoir secourue. Il se rend au Maroc chez son correspondant Mohamed, qui est chômeur et pauvre et rêve de quitter son pays. Les deux amis parcourent le Maroc, sont accueillis par des cousins, des oncles et des amis de Mohamed. L’auteur fait une chronique quotidienne des péripéties de cette pérégrination. La misère est le destin commun de tous ceux dont Gaël fait la connaissance ; une vie sans ouverture, dont la seule lueur est l’espoir de partir, de gagner l’Europe, une terre promise où la richesse n’est pas une utopie.

Ce livre est un récit de voyage plutôt qu’une œuvre de fiction. Gaël fait état de ce qu’il voit, donne la parole, sans commentaire et sans surprise, aux hommes et aux femmes qu’il rencontre. Il tombe sur des personnes accueillantes malgré leur dénuement, ainsi que sur des durs et des indifférents. Il décrit une misère ordinaire, des existences au seuil du désespoir. Il ne plaint pas ceux dont il partage momentanément la pauvreté. Pour pénétrer cet univers, il cherche à apprendre la langue et nous livre un compte rendu à distance, sans révolte. Nous sommes à mille lieues de l’existence que recherchent les touristes. Il rentre chez lui et sin périple n’aura été qu’une parenthèse, le constat d’existences dégradées, de vies non vécues.ledevoir_accueil

Naïm Kattan, Le Devoir, 17/18 juillet 2004

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